Histoire de la race aux Etats Unis

Voilà de cela quatre mille ans, mais probablement bien plus tôt, les Eskimos traversèrent le détroit de Behring lorsque les tribus quittèrent les terres froides et arides de la Sibérie. L’étude anthropologique de l’Arctique révèle la présence d’une civilisation Eskimo au Cap Krusenstern dès l’an 1850 avant JC . Le mot Eskimo signifie « mangeur de viande crue ». Les Eskimos se désignent eux-mêmes comme « Inuit », ce qui signifie « les gens » . Leur culture est totalement différente des autres peuplades du nouveau monde. Leur histoire est mystérieuse et encore plus celle qui concerne le chien. Aussi, son histoire et ses origines donnent lieu à de nombreuses conjectures . A l’origine la vie de l’Eskimo était une vie de nomade dans des conditions extrêmes. Les chiens et les traîneaux étaient des éléments indispensables à leur mode de vie. Ils étaient leurs biens les plus précieux. Sans eux les déplacements et les transports auraient été impossibles. Des fouilles archéologiques montrent que les chiens de traîneau n’ont dû être utilisés que depuis 300 ou 500 ans bien que l’on a dû s’en servir comme chien de trait et chien de bât bien avant cette période. Les chiens chassaient les ours polaires et d’autres mammifères polaires pour se nourrir. C’étaient des chiens extrêmement robustes et ils s’étaient acclimatés aux températures habituellement très basses de l’Alaska. Ce qui est certain, c’est que le chien Alaskan Malamute que nous connaissons est doté d’une qualité ancestrale et d’une extraordinaire adaptation à son environnement.

L’Eskimo Malamute

On trouve 20 dialectes indigènes en Alaska dont quatre sont eskimos. Cependant, aucun n’a été consigné par écrit avant le XVIII ème siècle, date à laquelle les trappeurs russes sont arrivés dans cette région. Le nom de Malamute s’applique au dialecte local des eskimos Innupiaq d’Alaska. Là ou peut-être les tribus parlant le Malamute se sont installées au Nord Est de la péninsule de Siward. C’est de cet endroit que les chiens que nous appelons Alaskan Malamute sont supposés être originaires ou s’être établis à la suite de la grande migration. Quelques uns des premiers explorateurs ont aussi décrit des chiens similaires dans les régions côtières se situant davantage au Sud. Evidemment, les hommes et leurs chiens ont migré vers les lieux où l’on trouvait la nourriture la plus abondante.
Les possibilités de pêche et de chasse changeaient selon le temps et les régions côtières devaient offrir de plus grandes opportunités. Cela explique une apparente diffusion de la population canine en même temps dans le Nord et le Sud à partir de l’implantation d’origine autour du golfe de Kotzebue. Les chiens Malamute d’un excellent type ont pu se trouver dans cette région même jusqu’au milieu des années soixante. Les Eskimos Malamute, connus maintenant sous le nom de Kuuvangmiut ou peuple Kobuk, avaient une bonne qualité de vie, ils travaillaient dur et ils sélectionnaient leurs chiens pour leur grande puissance, leur intelligence et leur fiabilité. On disait que les peuplades de la région Malamute nourrissaient leurs chiens aussi souvent qu’ils le faisaient pour eux-mêmes au cours d’une expédition. La façon si humaine avec laquelle il a été traité peut expliquer le fait que l'Alaskan Malamute un meilleur tempérament que certaines autres races de chiens de traîneau de l’Arctique. Quand on pense que beaucoup de chiens de travail étaient maltraités, mal nourris et surexploités, on n’est pas surpris que beaucoup de chiens des régions arctiques ne soient pas très sociables.
Extrait du livre : The complete Alaskan Malamute Seeley and Riddle
Les eskimos malamute ne faisaient reproduire que les meilleurs et les plus prometteurs parmi les jeunes chiens. Ils prenaient grand soin de leurs chiens et naturellement ils ne les faisaient pas beaucoup reproduire à cause du manque de nourriture. Les hommes blancs ont eu des difficultés à acquérir des Malamutes parce qu’ils avaient une grande valeur. Ceci explique que les origines de la race soient basées sur un si petit nombre de reproducteurs. Et les Malamutes d’aujourd’hui proviennent de là.

Les origines de l’Alaskan Malamute

L’Alaskan Malamute fait partie du groupe des Spitz. Ce groupe est bien représenté dans le monde entier et il comprend l’Akita, le Chow Chow, l’Elkound, le Finnish Spitz et le Samoyède pour ne citer qu’une petite partie d’entre eux. Nous pouvons remercier les marchands ambulants, les explorateurs et les armées itinérantes d’autrefois pour les avoir largement répandus autour du globe. Cependant, jusqu’à récemment l’Alaskan Malamute est resté presque totalement un produit de l’Alaska. Des naturalistes pensent que l’Alaskan malamute est issu du premier chien et du loup domestiqué des siècles auparavant. Mais des spécialistes de la culture Eskimo et un certain nombre d’anciens eskimos écartent cette hypothèse. Ils s’appuient sur les différences morphologiques entre le chien et le loup. Un des premiers éleveurs, Paul Voelker pensait que l’Alaskan Malamute était la plus ancienne race du continent nord américain et probablement la race associée à l’homme depuis les temps les plus anciens. Selon Voelker, des sculptures en os et en ivoire vieilles de 12 à 20 mille ans montrent le Malamute tel qu’il est aujourd’hui. On cite ces paroles de Voelker : « N’oubliez pas que l’Alaskan malamute depuis d’innombrables générations a été élevé avec les Eskimos. Chiots et enfants étaient ensemble sur le sol. J’ai vu des petits bébés ramper au milieu des chiots pour téter une vieille chienne.

La ruée vers l’or

Lorsque la ruée vers l’or débuta en 1896, les chercheurs d’or s’aperçurent que les traîneaux et les chiens d’attelage étaient indispensables. Les attelages devinrent très chers. Il était courant de payer 1500 dollars pour un petit attelage et 500 dollars pour un bon chien. L’Alaskan malamute était le plus prisé et le plus admiré des chiens d’attelage. Les marques de sa tête plaisaient beaucoup. Cependant, la race Alaskan Malamute aurait pu disparaître à cette époque où on l’a croisé avec des chiens plus petits, plus rapides pour la course et également avec des chiens plus grands comme le Saint Bernard comme chien de combat et pour le weight pulling.
Photo trouvée dans un groupe de discussion sur Facebook . Elle montre la diversité des chiens utilisés et les croisements effectués
Malgré ces croisements, les chiens reprirent vite le type Spitz auquel toutes les races nordiques sont apparentées. Même la première génération de chiens croisés avait tendance à ressembler davantage au type Spitz plutôt qu’à l’autre type dont ils étaient issus pour moitié. Au bout de trois générations il n’y avait plus de signes apparents d’apport de sang étranger. Pourquoi en était-il ainsi ? Le type de l’Arctique était installé depuis de nombreux siècles. Il paraît évident que les chiens qui n’avaient héritées des capacités d’adaptation dans le milieu de l’Arctique ne pouvaient survivre. De plus, beaucoup de chiens de l’Arctique sont débrouillards (indépendants) et leur besoin en nourriture est plus faible que celui de chiens du même gabarit. On a supposé que les chiens qui n’avaient pas hérités de ces prédispositions, étaient probablement morts de faim. En effet, la ration distribuée aux chiens de traîneau ne devait pas leur suffire. Ces apports étrangers peuvent expliquer en partie les légères variantes trouvées dans les Alaskan Malamute actuels. Cela n’indique pas qu’il n’y ait aucun croisement dans les chiens d’aujourd’hui, ni aucun écart par rapport au type originel.

Les trois lignées à la base de la création de la race

Kotzebue

La lignée des Kotzebue est issue des chiens d’Arthur Walden qui ont été repris par Mylton et Eva Seeley lorsque Mr Walden alla en Antarctique. L’élevage des Seeley du nom de Chinook à Wonalancet, dans le New Hampshire, était le centre d’élevage de chiens de traîneau le plus connu aux Etats Unis. Les chiens qui participèrent à la fois à la Byrd expédition et à l’United States service Expedition (toutes les deux en Antarctique) furent entraînés et fournis par l’élevage Chinook. Les Seeley méritent une très grande estime pour le rôle qu’ils ont joué dans la reconnaissance race par l’AKC.
Photo extraite du livre The complete Alaskan Malamute de Seeley and Riddle

M’loot

Paul Voelker a crée la lignée M’loot. Lignée qui est fortement représentée dans de nombreux pedigree y compris dans la souche de l’élevage Of Silver Sled qui est derrière la plupart des Alaskan Malamute que vous pouvez trouver dans le Midwest. Bien que Voelker fût intéressé par la même race, il créa un type légèrement différent de l’Alaskan Malamute mais il ne chercha pas à le faire enregistrer auprès de l’AKC.
Photo extraite du livre The complete Alaskan Malamute de Seeley and Riddle

Hinman

(ou Hinman-Irwin) Cette souche ne concerne qu’un tout petit nombre de chiens mais elle a apporté de nombreuses qualités à la race. La lignée Hinman combinée avec la lignée M’Loot a produit quelques uns des meilleurs représentants de la race. La souche Hinman est aussi largement présente dans la lignée « Husky Pak » en association avec les M’Loot et le Kotzebue. Elle a produit de nombreux champions et elle est à l’origine de chiens fondateurs de la race.

Reconnaissance de la race par l’AKC

La race fut reconnu par l’AKC en 1935 et c’est cette même année que fut crée l’Alaskan Malamute Club Of America. La période pendant laquelle on enregistra les premiers chiens à l’AKC fut très courte, juste assez longue pour qu’on l’on puisse inscrire assez de chiens pour fournir un point de départ sur lequel la race puisse croître et se développer.
Pendant la seconde guerre mondiale, beaucoup de chiens de traîneau, y compris un grand nombre de Malamutes parmi le cheptel réduit de chiens inscrits, furent réquisitionnés pour raison de guerre. Après la guerre un grand nombre de ces mêmes chiens furent utilisés pour une expédition en Antarctique. On s’est servi d’eux et ensuite, à cause d’une certaine décision prise par des bureaucrates, ils ont été enchaînés sur un iceberg et on les a tués avec une charge explosive (ceci a pratiquement entraîné une mutinerie des hommes de la Navy chargés de cette tache).
Expédition de l'Amiral Byrd en Antarctique ( photo trouvée sur Facebook)
Quelques temps après ce tragique évènement, l’AKC pris conscience que la race était en péril d’extinction car il ne restait que très peu de chiens inscrits. On ouvrit à nouveau le livre des origines mais avec des conditions plus drastiques. Le chien devait faire preuve de ses qualités en participant à des expositions pour être sur une liste d’attente et obtenir les dix points du championnat. Pendant ce temps, beaucoup d’amateurs de la première heure enregistrèrent leurs chiens sous ces nouvelles règles, ajoutant les courants M’Loot et Hinman aux Kotzebue enregistrés plus tôt.
Soudainement, l’AKC ferma la porte aux enregistrements malgré les protestations de l’Alaskan Malamute Club Of America. Tous les chiens enregistrés de nos jours proviennent des Kotzebue de la première heure ou des chiens inscrits pendant cette période d’enregistrement à la fin des années quarante.
Pour conclure, je voudrais ajouter une citation de Nathalie Norris, une passionnée de la première de l’Alaskan Malamute et une des musheuse des plus célèbres ayant participé à des courses de traîneau : « Le Malamute est une race trop extraordinaire et trop remarquable pour être changée en autre chose que ce que des siècles d’adaptation à son environnement en ont fait. Nos efforts ne doivent pas se porter que sur la beauté, mais nous devons nous efforcer de produire des sujets aussi bons physiquement que ceux que l’on trouvait en Alaska. La question n’est pas de produire un meilleur Malamute, mais un chien aussi bon qu’un Alaskan Malamute ».
Texte traduit par Judith Gogibus et publié sur mon site avec l’aimable autorisation du comité de l’AMCA.